FIL DE TRIBUNES

#LeSportCompte, conte des histoires…

Dominique Crochu

EnModeJO canoe

Nous avions rédigé une tribune (ci-dessous #Présidentielle2017 : sport ? culture ? ) intemporelle parce que l’Etat -depuis des décennies- n’a pas vraiment inclus le sport dans la trajectoire, le parcours éducatif des enfants alors qu’il est -par définition- inclusif ouvrant ses portes à un large public.

  • Depuis mi-2017, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont été attribués à Paris, le mercredi 13 septembre 2017.
  • Laura Flessel, nommée Ministre a été remplacée par Roxana Maracineanu en septembre 2018.
  • L’Equipe de France masculine de football a gagné la Coupe du Monde lors de l’été 2018 en Russie.

Entre les JOP à venir et les Bleus… de belles histoires sont contées au passé et se rêvent au futur avec des moments d’émotions plurielles indescriptibles à la fois individuelles et collectives. 

Le Comité National Olympique Sportif Français (CNOSF) -lors de son Congrès de fin août- a lancé un hashtag #LeSportCompte pour une pétition nationale (en ligne) parce que l’Etat a décidé de réduire certains pans du budget du Ministère des Sports. On peut reconnaître que le flou qui entoure le financement du sport pour 2019 (entre ce qui doit répondre aux obligations des infrastructures à construire pour les JOP et d’autres engagements) n’est pas rassurant. D’autant que s’ajoute la création d’une « agence du sport » intermédiaire ? lien ? entre le Ministère des Sports et les entités sportives. La France a, dans tous les secteurs d’activité, un réflexe ? une propension ? une manie ? une capacité ? à créer toujours des « couches intermédiaires », des entités parallèles, des écrans ? entre l’Etat et le terrain. Si bien que très rapidement, le pouvoir donc les responsabilités se délitent, les fonctions se diluent, les budgets fondent. La conclusion ? c’est une perte d’efficacité certaine, réelle avec l’inertie inhérente à la lourdeur administrative évidente.

Il semble étrange que le CNOSF qui n’a pas vraiment tenu son rang de grand pilote du sport depuis des décennies (ex ; organisation pyramidale sans cap réel,  pas de recherche de financement propre, une gouvernance du sport atone aux mandats illimités, aucun vrai plan de mixité, de diversité, pas de visibilité, pas de vision sur une stratégie sportive pour le pays, absence d’ambition numérique : pivot des nouvelles pratiques.. ..) monte tout à coup au créneau auprès de l’Etat.

On sait que les grandes causes qui comptent dans le coeur des gens -quand elles sont portées par des personnes emblématiques – emportent l’adhésion avec vitesse, efficacité et forcément viralité notamment sur les réseaux sociaux. Comment expliquer que 15 jours plus tard…la pétition nationale comptabilise seulement 220.000 signatures ..? Pour mémoire, la France compte environ 18 millions de licenciés (hommes et femmes) et si on compte tous les sympathisants, les supporters, les amoureux du sport et acteurs divers, on arrive probablement à plus de 20 millions de personnes. 

Plusieurs observations 

  • Les clubs, les personnes de terrains (tous sports confondus) ne se sentent pas représentés par le Comité Olympique. Dans les territoires, les clubs ont une référence à leurs entités de sport et bien peu aux CROS et CDOS …voire pas du tout.
  • Les Fédérations ? Les Ligues Pros ? et les entités régionales et départementales ? ne semblent pas avoir convaincu leurs licenciés (fh) de signer. Sont-elles elles mêmes persuadées de l’efficacité d’une pétition nationale sur un réseau social sur lequel…elles ne sont pas ou peu ? Ont-elles vraiment eu vent de cette démarche ? Toutes ? Quelques-unes ? A-t-on vu, entendu des présidents de (grandes) fédérations prendre la parole dans les médias ?
  • Le monde sportif n’a pas mobilisé (pas su ? pas essayé ?) les grands noms du sport, les stars… de façon collective et individuelle pour « peser ». Juste quelques réactions personnelles qui n’ont pas trouvé de véritable écho dans les médias.
  • La presse a bien peu relayé cette initiative. Que ce soit en presse écrite, tv, radios, internet…
  • Croire qu’un #hashtag -sur twitter- allait faire adhérer à une pétition.. des millions de sportifs (fh) ? Et d’ailleurs, la mention sur la pétition « Les données pourront être transmises aux pouvoirs publics aux fin d’analyse, d’étude, et de démonstration de l’importance du sport pour la France » donne à penser à un certain décalage, un manque de réalisme. Ou alors, on peut se dire qu’en 15 jours, une forme de réponse est donnée.
  • La pratique sportive est partout…et de plus en plus en dehors des entités fédérales.
  • Le « silence » – et la mobilisation ratée alors qu’elle était tellement espérée, attendue, rêvée…montrent bien le gouffre, l’abîme entre les instances nationales et le terrain, le parquet, la forêt, le macadam…

On peut donc se demander finalement avec une gouvernance du sport atone, inaudible,  avec si peu de mobilisation, si peu de représentants emblématiques, si peu de grands sportifs (fh) dans l’arène médiatique…si le budget 2019 ne nous conte pas le reflet du sport en France ?

Ce décompte est plutôt triste…

 

Tribune de 2017.

#Présidentielle2017 : sport ? culture ?

Retour sur notre tribune publiée en mars,  avril, mai 2017.

. A quelques heures du résultat des élections, nous avons constaté -à travers les différents débats- que le mot « sport » n’aura pas été prononcé par les journalistes et les divers candidats. Il est évidemment normal que le monde sportif s’interroge sur ce secteur d’activité qui mobilise des millions d’hommes et de femmes en France. On peut reprocher aux candidats-e de ne pas en parler ? faudrait-il encore les questionner lors des débats ? Pour beaucoup d’acteurs de la « Tech », le numérique a peu été évoqué et le sport n’est pas du tout audible à date. Alors parlons-en justement.

Nous avons listé quelques items que le sport traverse …comme le muscle transverse de notre abdomen. Probablement, une grande disruption aura lieu dans la prochaine décennie via une gouvernance obligatoirement plus ouverte via la mixité et la diversité avec de l’inter-génération (inéluctable), une arrivée massive de nouveaux services, de métiers différents qu’apportera la transformation numérique. Même si les entités étatiques l’ignore largement.

L’éducation 

Nous considérons fortement que le sport au même titre que la culture est un pilier d’ouverture, de l’apprentissage de soi et des autres. C’est le terreau des valeurs fondamentales que les hommes et femmes de terrains partagent pour pratiquer le sport.

Le respect, le goût de l’effort, la nécessité du partage, la solidarité que ce soit en sport collectif ou individuel, la prise de responsabilité sont des atouts inculqués aux garçons et filles. Ce sont des points formidables dans la vie. Souvent la pratique se révèle un outil d’émancipation pour l’enfant et en particulier pour les filles. Alors nous avons toujours rêvé d’un triptyque autour de l’enfant de maintenant aux générations futures : école – culture – sport. Se construire, s’instruire au coeur de ces trois clés mettrait nos enfants dans un axe nouveau et complet de son éducation générale.

Qui osera unir un jour ce trio de construction de l’être humain ? Au lieu souvent de les opposer ? La France est candidate pour 2024 pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques et à l’organisation de l’Exposition Universelle en 2025. Cela aurait de la cohérence et du sens.

Le loisir 

C’est le premier cité par les Français (17,6 millions de personnes détentrices d’une licence). 37% sont des femmes. Par ailleurs 35 millions déclarent une activité physique ou sportive (1).

Le poids dans l’économie

– 38 milliards environ : billetterie – sponsoring – infrastructures et prestations associées

– 10 milliards de distribution d’articles de sport et de loisirs

– le sport professionnel avec tous ses services, ses prestataires…(football – rugby – handball – cyclisme – tennis…)

L’impact médiatique

– droits TV avec des retransmissions – des émissions sportives – (publicité). Des enjeux marketing et de publicité importants.

Le gisement d’emplois et de bénévolat 

– 116.000 salariés en 2013 (1)

– 317.000 associations sportives sur 1 million d’associations en France (1) et 3,5 millions de bénévoles (milieu associatif)

– 7,3 millions de salariés (HF) au niveau européen

Le secteur du numérique

Au coeur de la FrenchTech 

La création de startups, un incubateur 100% sport « Le Tremplin » à Paris, les usages liés aux nouveaux services, le e-sport montrent que le numérique et le sport sont faits pour s’accorder. Le digital entraîne le sport dans une autre dimension qu’on ne trouve pas globalement  dans les projets.

 L’outil d’avenir pour la santé

Sans nul doute, le sport sera de plus en plus utilisé pour la prévention des différentes maladies et aussi pour améliorer les soins post-maladie. Ainsi la récente Loi du « sport sur ordonnance » est le coup d’envoi d’un nouvel univers. Alors le lien avec la recherche médicale nous paraît souhaitable en terme de santé au sens large.

Le facteur de cohésion sociale et sociétale 

La pratique d’un sport individuel ou collectif permet à des individus, des groupes de personnes de se rencontrer, d’échanger, de découvrir de nouveaux univers. C’est la diversité et la mixité de la toute la société qui pratiquent ensemble. Le sport est le plus grand terrain de jeu pour vivre l’aventure des autres, avec les autres. Le sport est un incroyable outil d’émancipation pour les garçons et plus particulièrement pour les filles. C’est un vecteur d’épanouissement pour la jeunesse.

Un enjeu à l’international  

– un outil formidable de la diplomatie française.

– un rayonnement de la France à travers le monde. Les exploits sportifs entraînent une image positive de notre pays.

– une candidature de la France pour les Jeux Olympiques et Paralympiques pour Paris 2024. (Pour mémoire, le CIO présent en France du samedi 13 au mercredi 17 mai 2017 – versus élection présidentielle le dimanche 7 mai)

– un lien n’a pas été observé avec le handisport qui est aussi une vraie bulle d’oxygène pour les sportifs (HF) dans les différentes disciplines.

Un capital d’infrastructures

– Des équipements améliorés au fur et à mesure des organisations sportives en France (Euro 2016 de football – Championnat du monde de handball en janvier 2017). Lien avec la politique de construction des aménagements des villes vers la SmartCity ? Stades et arénas professionnels connectés.

– Un savoir-faire d’organisations des évènements internationaux reconnu.

Une organisation pyramidale et statique

– 106 fédérations affiliées au Comité National Olympique Français (CNOSF). Des centaines d’organes déconcentrés pour chaque sport dans les départements et les régions. Et de façon identique pour des unités locales pour le mouvement olympique.

– Une gouvernance des fédérations et entités locales très peu renouvelée. Aucune limité d’âge. Et surtout aucune limitation du nombre de mandats. Système bloqué de cooptation ou de représentants élus des « familles de sport ». Le CNOSF interlocuteur privilégié du ministère des sports n’a jamais été moteur pour faire évoluer cette gouvernance. Avec des gouvernances peu renouvelées, des dérives ont été constatées dans plusieurs fédérations (ex : FF de Tennis toujours dans la tourmente judiciaire). Le Ministère des Sports n’a pas bougé, ne s’est pas ému de quoique ce soit. Un entre-soi mi-politique mi-sport où les mauvaises habitudes de l’entre-soi mènent à des dérives ?

– On notera aussi qu’à chaque fois qu’il y a une nouvelle idée ? un groupe, une entité est créée -par le Ministère ou le Secrétariat des Sports – et tous les méandres voire les tentacules d’organisation n’aident pas à la responsabilisation, à la clarification des rôles (CNDS ? Directeur des Sports ? Haut-Niveau ? Insep ? …). Qui fait quoi ? Pourquoi ? Pour quoi ? Comment ? Organigramme des projets ? Cohérence. Nous posons la question.

Conclusion

La politique sportive et culturelle de la France peut s’inscrire au coeur d’une vision citoyenne pour l’avenir des enfants -garçons et filles- qui seront plus forts dans leur approche de la vie étant initiés au sport et à la culture.

Les hommes et les femmes de demain seront plus épanouis avec une éducation plus variée, plus moderne, plus digitale, plus qualitative, plus inventive, plus adaptée.

Avec une culture multi-activités.

Et un accès égal à la pratique sportive pour tous les garçons et les filles. 

 

(1) chiffres CNOSF